Gus Fairbairn, alias Alabaster DePlume, a une pochette de phrases qu’il utilise en permanence, qu’il se promène dans la rue ou qu’il fasse la cour aux musiciens et au public. Pendant longtemps, le Mancunien disait à qui voulait l’entendre qu’ils se débrouillaient très bien. Plus récemment, c’est une autre phrase qui a un effet similaire et qui dément son engagement inébranlable en faveur de la vulnérabilité personnelle et de la politique collective : « N’oubliez pas que vous êtes précieux ».

Un processus qui met l’accent sur les personnes et non sur les produits garantit que la musique est unique, souvent semblable à un joyau. Les chansons d’Alabaster DePlume sont construites sur des mélodies circulaires sonores et des tonalités lumineuses qui transmettent calme et générosité par vagues chaudes – à moins qu’elles ne s’insurgent contre la complaisance et l’inhumanité quotidienne du capitalisme de la fin des temps. Plus important encore, il apporte une précieuse transparence à son travail. « C’est ce que je fais vraiment », dit-il. « Je veux parler du pourquoi et du comment de ce que je fais.»

Les racines de Merope plongent profondément dans le terreau des chants folkloriques lituaniens, les reliant à des idées venues de toutes les cultures. Le kanklės et la voix d’Indrė Jurgelevičiūtė forment la base de leurs réinterprétations célestes du folk ambient, enrichies par la guitare ornementale et expérimentale ainsi que l’électronique du multi-instrumentiste belge Bert Cools. Ensemble, ils créent un paysage sonore intime qui guide le duo vers l’inconnu. En plongeant dans des mots et des mélodies ancestrales, ils proposent une vision contemporaine de la musique balte ancienne.

Entremêlant des éléments empruntés au jazz, à la musique traditionnelle, à l’ambient, au minimalisme du XXe siècle et au kosmische, ils composent des pièces émouvantes et humanistes qui servent de bande-son au paysage international d’aujourd’hui. Une impression de spontanéité et de légèreté flotte dans l’air dès les premières notes du cinquième album de Merope (Stroom/granvat). Le duo formé par la chanteuse et joueuse de kanklės lituanienne Indrė Jurgelevičiūtė et le guitariste/producteur Bert Cools semble caressé par les vents du changement sur Vėjula, une renaissance musicale assumée qui affirme avec assurance la continuité de leur parcours.

C’est leur album le plus expérimental à ce jour, s’ouvrant à des collaborations avec des artistes aux sensibilités similaires comme Shahzad Ismaily, Laraaji et Bill Frisell. Et bien que Vėjula reste enraciné dans les formes traditionnelles lituaniennes, il s’élance avec fougue vers des territoires inconnus, mêlant les thèmes anciens à des philosophies, des concepts et des technologies contemporains.