Organisé par SPPF
mer 07 février 2024
20h00

KCIDY release party Côme Ranjard

Concerts
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Prévente : 14€
KCIDY release party + Côme Ranjard

KCIDY release party

Que reste-t-il de la fête quand on a tourné la clef dans la serrure de son appartement, décidé à se blottir pour une durée indéfinie, pas spécialement pressé de retourner suer ses pintes sur le dancefloor? Des souvenirs un peu flous, des images arrimées l’une dans l’autre et ce sentiment flottant d’être arrivé à destination. Jamais vraiment seul. On refait la nuit comme on rembobine un film et on zoom, au passage, sur des instants que l’on voudrait garder en tête éternellement. KCIDY danse toujours, au centre d’une piste baignée d’un éclairage naturel. Bonheur moins frappant, plus diffus, présent sur la longueur. On le remarquerait à peine si on ne décidait pas de ralentir la cadence. Ça tient à pas grand chose, finalement. Une seconde de contemplation, une vue que l’on découvre pour la première fois, une faille dans un tissu temporel que l’on pensait entièrement opaque. La vie mise sur pause offre souvent quelque chose de bien.

Le troisième album de KCIDY, après Lost in Space sorti chez A.B. Records et Les Gens Heureux chez Vietnam, maintient l’after party, prolonge la discussion le temps d’un bilan doux-amer, le coeur en proie à plusieurs cadences. Il y a dans sa pop quelque chose d’insaisissable. Elle est éminemment contemporaine avec en filigranes les quelques détails qui rendent les tubes intemporels. On ne la situe pas, pas exactement. Elle parle d’amour, d’amitié, de maternité, de nostalgie… autant de sujets qui traversent les époques, certes, mais abordés ici sans souscrire aux clichés auxquels ils pourraient être rattachés. On y découvre plutôt une naïveté spontanée, revendiquée. Les textes ne sont jamais cyniques, même quand ils charrient les espaces étouffants encore en cours de construction autour de nos corps impuissants. C’est le cas dans « Soudain une envie » par exemple ou « Je pense à toi », chanson d’amour ultime pour tous les doigts en feu à force de presser la surface d’identités numériques. À la croisée de plusieurs réminiscences sonores – synth pop 80s, twee, pop baroque, jazz, funk – KCIDY ne se refuse rien, surtout pas si c’est pour le fun. Un peu d’Elli et Jacno, de Julia Holter, des touches de K Records dans l’apparente simplicité de certains morceaux qui éclatent comme des évidences. Peut-être aussi Paul Williams et ses compositions d’orfèvre au service des Carpenters.

Une simplicité mais des arrangements extrêmement denses, une rondeur dans le son qui s’envole parfois vers des contrées inattendues. Solos d’orgue électronique, arpèges au Wurlitzer, soudaine orchestration après la balade en solitaire, chaleur d’une jam session… le travail est largement collaboratif. On est au centre de sa vision, de sa pâte singulière qui s’agrémente ça et là de voix extérieures, autant musicalement que dans l’écriture des paroles, confiées à Leslie Chanel (sa partenaire dans Tôle Froide) pour « Silence & Tendresse » et Marion Josserand de JOKARI pour « J’ai tant attendu » et « Collier de pluie ». La pop sucrée, enfantine s’égrène en parallèle de chansons sensuelles, lentes et savoureuses berceuses au piano à l’image de « L’eau la lune », juste avant de clore l’album sur la douceur dépouillée d’« Octobre », folk song à la guitare acoustique. Elle chante “Je tiens mon enfant dans les bras/tout est à écrire avec lui” et on sait, à ce moment-là, que KCIDY est bien rentrée à la maison, que les projecteurs sont braqués sur autre chose. Sans aigreur, sans déception, juste le cours naturel d’une vie qui se dédouble.

Côme Ranjard