Peter Kernel est un duo post-pop-art-punk suisse et canadien formé par Aris Bassetti et Barbara Lehnhoff. Ils travaillent ensemble et sortent leur propre
musique depuis 2005. Ils ont commencé lorsque Barbara a demandé à Aris d’écrire la musique de sa comédie musicale expérimentale Like A Giant in A Towel (Festival international du film de Locarno 2006). Ces dernières années, Peter Kernel a donné plus de 800 concerts en Europe et au Canada.
Leur musique est complètement vide et simplement compliquée. C’est de la pop, du rock, c’est expérimental et c’est pour cela qu’ils ont été appelés à jouer dans des situations très différentes, comme le Paléo Festival ou le festival de jazz de Montreux, la semaine de la mode à Milan, des piscines, le Centre Culturel Suisse à Paris, des festivals de bruit lourd à Paris, des festivals de heavy noise, des musées et des concerts. En 2020, ils ont sorti « Perseverance : 15 Years Of Peter Kernel » : un double LP spécial comprenant des démos, des faces B, des titres inédits, des versions live… tout ça pour célébrer leur anniversaire.
« L’un des duos les plus rafraîchissants, les plus originaux, hors des sentiers battus, qui sort un album extraordinaire ».
Louder Than War (Royaume-Uni)
Mossaï Mossaï
Faire de la noise revient souvent à reproduire un certain nombre de stéréotypes, testostéronés à l’envie et pas toujours prodigues en sentiments. En renouveler les formes, en déconstruire les prérequis sont autant d’exigences, à une époque où le rock est en pleine mue.
Après un premier EP en 2019, très affirmé dans une esthétique psychédélique, Jean- Loup, Marie, Tanguy et Philémon, les quatre membres de Mossaï Mossaï, ont pris le temps de donner naissance à ce « Faces ». Le temps de voir s’agrandir les marges de leur musique, notamment sur scène où le groupe a vite fait parler de lui par ses performances. Puis d’enregistrer, dans le studio troglodytique de Pierre Lambla à Thoré-la-Rochette, en compagnie du réalisateur Baptiste Mésange (Jim Ballon, Rank-O, Electric Vocuhila…).
Là, dans cet espace argileux, à l’acoustique si particulière, les Mossaï Mossaï ont expérimenté, salissant les sources acoustiques, plongeant dans la matière en la distordant pour en faire jaillir de véritables épiphanies hallucinatoires. Car c’est un point central de ce disque : tout tend, nous convie ici à l’hallucination. Que ce soit par la répétition des rythmes tribaux, comme dans l’introductif Cerebral, ou par les échos et les saturations des guitares, perturbant les perspectives, les espaces d’écoute. On pense, en modèles, à la musique industrielle de Throbbing Gristle, à la noise de Sonic Youth ou Swans. Comme ces derniers, Mossaï Mossaï tord les formats, balaye les frontières de styles à une époque où tout invite plutôt à la prudence et aux standards. Le titre L’Elan confine même à l’expérimentation la plus incandescente avec ses bruits de percussions métalliques, ses résonances acides dans lesquelles circule la voix de Marie. Une voix récitative, ensorcelante, sans doute l’élément le plus original du disque, déclamant tout au long des morceaux des odes sensuelles, grinçantes, rappelant Brigitte Fontaine (comme le poétique Esquisses). L’album se prolonge jusqu’au chaotique Charges, venant clore un voyage dantesque de trente-cinq minutes labyrinthiques, dionysiaques, salutaires.
A l’image des Psychotic Monks, Slift ou de leurs voisins de Loire les Stuffed Foxes, chefs de file d’une scène rock française en pleine effervescence, les Mossaï Mossaï plongent dans l’inconnu pour trouver du nouveau, puisent dans les expériences de leurs aïeux pour mieux inspecter de nouveaux espaces à conquérir, à célébrer. Alors, à notre tour, célébrons ce « Faces », et profitons qu’un disque de rock puisse nous saisir autant en 2023.